Tournai et Strasbourg. Après des études en communication visuelle, elle entre dans l’atelier « Images Imprimées » de l’Ecole des Beaux-Arts de Mons. Davantage préoccupée par les procédés physiques et chimiques liés aux techniques d’impression plutôt qu’à la gravure en elle-même, elle dévoile déjà sa démarche future où le processus prime sur la forme finie. Une bourse obtenue en 1987 lui permet de partir en Italie pour faire des recherches sur Piero Della Francesca dont elle apprécie le travail sur la géométrie et la lumière, éléments qui joueront un rôle essentiel dans ses propres oeuvres. A la fin des années quatre-vingt, elle crée principalement des environnements où les objets entrent en relation directe avec l’espace. Ceci la conduit à collaborer avec des architectes tel Olivier Bastin qui, en 1995, l’invite à travailler pendant plusieurs mois à l’Atelier « L’Escaut » à Bruxelles, lieu qu’elle transforme en un véritable laboratoire d’expériences. Son travail prend alors une nouvelle orientation, celle de l’intrusion d’objets quotidiens soumis à l’écoulement inexorable du temps (bloc de fourrure d’où coule du lait gelé, encre noire diffusée dans la chair de poisson, etc).
Ces matériaux subissent des transformations en fonction de leur nature mais aussi en fonction de l’espace, l’artiste mettant l’accent sur le processus plutôt que sur le résultat. Car rien n’est jamais vraiment fini dans les expériences d’Edith Dekyndt. Son art se situe ainsi à la limite entre la science et le quotidien. En 1999, elle crée le collectif « Universal Research of Subjectivity », laboratoire d’investigations où sont élaborés des concepts appelés à être concrétisés ou voués à rester en l’état. Ces dernières années, elle utilise fréquemment le médium vidéo mais ne se considère pourtant pas comme une vidéaste et utilise aussi la photographie, l’installation d’objets, les environnements et le son comme moyens pour saisir l’impalpable, l’invisible ou l’éphémère. Elle donne l’inventaire de ces choses qui sont à la limite du visible ou même invisibles: poussière, humidité, ondes, particules magnétiques, électricité statique, etc.
Avec ses œuvres, elle attire notre attention sur des éléments que nous regardons sans voir, tout l’œuvre d’Edith Dekyndt est fonction du regard et de la perception. Les matériaux sont relativement pauvres et les moyens technologiques mis en œuvre volontairement modestes. Dans le cas de la vidéo, elle n’intervient pas a posteriori sur l’image filmée. Néanmoins, ces oeuvres évoquent des univers sophistiqués, illusoires, presque de science-fiction. Edith Dekyndt passe aujourd’hui comme l’une des artistes les plus reconnues de la Communauté française comme en atteste l’acquisition de trois de ses œuvres par le MOMA (Museum Of Modern Art) de New-York.
End (2009)
Dans cette vidéo, l’artiste a tenu à faire exploser du verre et s’intéresse aux ondes ainsi qu’aux propriétés minérales et vibratoires du cristal. Le film est projeté à 25 images seconde, ce qui entraîne une extension du temps et de la perception.
Collection du MAC’s – Musée des Arts Contemporains de la Communauté française de Belgique