La musique expérimentale occupe une place floue dans la tête des gens. Comment appelle-t-on ça ? À quoi ça sert ? Est-ce qu’on se moque de nous ? Si la recherche et l’expérimentation ont toujours tenu une place importante dans l’histoire de l’art, ce n’est qu’au XXe siècle que cette démarche a été perçue comme une rupture, et entreprise comme une remise en question des formes officielles ou traditionnelles. Qu’elle soit célébrée comme un aboutissement, comme une utopie en marche, déconsidérée comme une voie de garage élitiste, ou bien encore vécue comme un exil, une niche marginalisée, cette musique aventureuse, défricheuse, se maintient de nos jours dans un relatif isolement, et peine à se positionner au sein de la culture globale, et plus encore de la société.
Dans le même temps, ce domaine offre aux amateurs de l’expérience à foison. Hétérogène, pluriel, il fait l’objet d’un marché – aussi modeste soit-il (labels spécialisés, etc.) – et nourrit à sa mesure l’offre culturelle évènementielle. Aussi ces musiques partagent-elles la conviction que l’expérience est le gage d’une relation authentique avec le monde, senti et vécu suivant la catégorie de la possibilité. Les musiques expérimentales, marché de niche ou « innovation de rupture » ? Quelles qu’elles soient, elles s’offrent comme autant d’invitations à la découverte, à l’évasion, aux cheminements et à l’itinérance qu’elles appellent et permettent.
Sébastien Biset est docteur en histoire de l’art, musicien et zythologue. Globalement, ses recherches portent sur la dimension pragmatique de la création contemporaine, les esthétiques de la ...
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