Résonances


Philippe Franck - directeur Transcultures

Editorial, par Philippe Franck

Le dictionnaire nous rappelle que la résonance est la propriété d’un corps à entrer en vibration et c’est bien cette dimension sensorielle que nous avons privilégiée pour cette première incursion brabançonne dans le vaste champ des arts sonores, en pleine expansion. L’exposition Résonances proposée à l’École des Arts de Braine-l’Alleud, au centre d’une manifestation plurielle qui propage ses bonnes vibrations dans le Brabant wallon avec de nombreux évènements, s’articule autour du rapport arts sonores / arts plastiques contemporains.

La sélection, parmi la vaste cosmogonie des productions étiquetées « arts sonores » dans leur grande diversité, s’est portée sur des oeuvres récentes de jeunes artistes, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et étrangers, soutenus par le Festival international d’Arts Sonores City Sonic  initié, en 2003, par Transcultures, Centre des cultures numériques et sonores, et coproduit par Le Manège.Mons. Nous avons opté ici aussi pour une approche poétique et contextuelle s’adressant d’abord aux sens avant l’intellect, en mettant en exergue des oeuvres qui se livrent de manière immédiate tout en permettant différents niveaux d’interprétation.

Les deux étages d’exposition de l’École des Arts sont envahis de « vibrasons » singulières et souvent ludiques, celles des objets ordinaires jamais ordinaires (Arnaud Eeckhout, Vivian Barigand), du corps essentiel (Isa Belle + Paradise Now), de l’environnement urbain (Mauro Vitturini) ou naturel modifié (Rodolphe Alexis, Stéphane Kozik + Perrine Joveniaux) ou encore des machines électroniques (Emmanuel Selva, :such:). Ces installations, réalisées et réadaptées par des créateurs multi-talentueux et impliqués dans cet évènement fédérateur, invitent tous les curieux à cette écoute active qui fait si souvent défaut dans la pollution sonore permanente d’un monde sourd à force d’entendre trop et mal.

À l’Académie de Musique sont proposés, tout au long de la manifestation, des concerts de compositeurs importants de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui ont en commun un intérêt marqué pour le son : Jean-Luc Fafchamps (interprété par Stephane Ginsburgh au piano dans un dispositif installatif mixte), Jean-Paul Dessy (violoncelliste, directeur de Musiques Nouvelles) et Jarek Frankowski (traitements électroniques), Leo Kupper (pionnier des musiques électroniques dès les années 60) et Todor Todoroff (compositeur de musiques électroniques notamment pour la danse), mais aussi des pièces de John Cage, Charles Ives, Ivan Wyschnegradsky et d’autres audio-aventuriers dans un programme proposé par Jean-Paul Wittek et consacré à la microtonalité1.

Outre ces évènements, ces Résonances multiples s’inscrivent plus largement dans un désir partagé par les organisateurs, celui de la sensibilisation des publics à ces nouvelles créativités audio. Les conférences, ateliers / workshops (pour les petits et grands curieux mais aussi pour les élèves de l’école invités à travailler avec certains artistes), les activités « découvertes » sont aussi des prolongements de ces oeuvres audio hybrides qui, nous l’espérons, ouvriront au plus grand nombre d’autres portes de la perception.

Philippe Franck, commissaire artistique et directeur de Transcultures

1. Des pièces travaillant sur des intervalles musicaux plus petits qu’un demi-ton et qui, de manière générale, ne reposent pas sur la division traditionnelle de l’octave en 12 parties.

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