S’il apparaît seulement en 1983, à New York, à l’occasion d’une exposition Sound / Art regroupant des plasticiens, performers et musiciens expérimentaux, le terme « art sonore » regroupe un ensemble de pratiques qui ont en commun de travailler le son comme matériau premier en dehors des usages musicaux classiques.
Ces pratiques audio différenciées sont nourries par les grandes avant-gardes du XXe siècle (dadaïsme, futurisme, lettrisme, situationnisme, Fluxus…) et des pionniers désireux d’élargir le vocabulaire musical, mais aussi plastique et littéraire : Luigi Russolo et ses Intonarumori / machines à bruits futuristes, Kurt Schwitters et son Ursonate, John Cage et l’intégration du silence et du « bruit », Pierre Schaeffer et l’ouverture de la musique concrète, Luc Ferrari et l’intégration du « presque rien » quotidien, La Monte Young et la fréquence continue de la Dream House, Bernard Heidsieck et la poésie-action… La liste est longue et n’arrête pas d’être redécouverte, avec bonheur, par les jeunes générations.
À ces filiations s’ajoutent, aujourd’hui, les outils numériques qui ont permis d’amplifier et de travailler plus avant les dimensions de spatialisation, de connectivité et d’interactivité. Mais c’est bien l’écoute active qui reste la condition première de ces arts du son, de plus en plus diversifiés ainsi que diffusés dans le champ des arts contemporains et au-delà.
Philippe Franck