Le Cinéaste et l'Inverse (2013)
Ce projet est né du désir commun des créateurs de donner forme au sentiment complexe du manque. Manquer à quelqu’un, c’est le faire souffrir par son absence. C’est aussi le faire briller. Le manque est un fait, un état, une façon d’être et de réagir à l’amour éprouvé dans la détresse. Ce manque à gagner passe ici par le poème d’aveux et d’amour, par la déclaration de ce sentiment comme quoi il est amour étranglé par l’attente de l’autre. Il passe aussi par l’image qui pose un regard sur l’autre dans ses gestes quotidiens, puis dans sa propre solitude.
Il s’agissait pour le cinéaste, Jonas Luyckx (Liège), de filmer ce qui deviendrait plus tard l’image de cette absence de l’être aimé, et pour la poète, Annie Lafleur (Montréal), d’écrire sur ce sort partagé en s’inspirant d’un poème du 12e siècle intitulé Alors brille la fleur inverse écrit par le troubadour Raimbaut d’Orange. Le chassé-croisé entre l’image en mouvement et la parole du poète s’accomplit dans un seul et même but, de rapprochement. Les thématiques de la disparation, de l’effacement sont exploitées dans l’image autant que la métonymie et la litote dans le texte. L’image et le mot se cherchent comme deux amoureux dans la noirceur, vers un équilibre leur faisant oublier cet état de précarité.
Réalisation : images et montage/ Jonas Luyckx – Textes et voix : Annie Lafleur – D’après Raimbaut D’Orange « Alors brille la fleur inverse » (c.1130-1170)
Musique : Gauthier Keyaerts & Stephan Ink – Mastering@Equus Studio – Traduction : Oana Avasilichioaei
Production : White Market
Annie Lafleur
Annie Lafleur est née en 1980 à Montréal. Elle est écrivaine, critique d’art et travailleuse culturelle. Elle détient un baccalauréat en littératures française et québécoise de l’Université Laval. Ses études interdisciplinaires à l’Université Concordia se sont démarquées en performance et en vidéo d’art; pratiques soutenues que l’on retrouve dans la mise en scène de ses poèmes, performés notamment lors de festivals en Belgique, en France et au Québec depuis 2007. Elle a publié quatre livres de poèmes : Prolégomènes à mon géant (2007) et Handkerchief (2009) aux éditions Le Lézard amoureux; Rosebud (2013, demi-finaliste – Prix du Festival de poésie de Montréal) et Bec-de-lièvre (2016, finaliste – Prix des libraires du Québec 2017, catégorie Poésie) aux éditions Le Quartanier. Annie Lafleur est membre du comité de rédaction de la revue Estuaire depuis 2014. Elle est membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ).