Xe gắn máy (Hon đa Kawassaki – Honda) (première belge)
Issue de la série La Beauté future du passé, à mi-chemin entre fiction et reconstitution historique documentaire, la sculpture Xe gắn máy (« moto » en Vietnamien) jette un regard inquiet sur la future disparition de la moto au Vietnam au profit de voitures 4×4 climatisées, brillantes et démesurées, que l’artiste pluridisciplinaire Pierre Larauza compare à des corbillards impotents. Xe gắn máy représente un mirage urbain dans lequel une motocyclette démantelée s’envole vers le ciel, laissant présager la désintégration du passé face à l’actuelle montée en puissance des voitures. Dans cette oeuvre mêlant l’onirisme à la préservation, la nostalgie se confronte au futur inconnu. Dans un parterre de fleurs en plastique, une pierre tombale met en scène les impossibles funérailles de la motocyclette : sous la date de naissance, « Début du 20ème siècle », l’artiste a ainsi gravé dans la pierre comme date de disparition : « J’espère que cela n’arrivera jamais ».
La dimension documentaire se conjugue à une approche poétique renforcée par l’environnement sonore (abstraction de sonorités urbaines) réalisé par le jeune compositeur et DJ vietnamien Teddy Chilla.
Production : Transcultures, Pépinières européennes pour jeunes artistes.
Biographie
Pierre Larauza est un artiste pluridisciplinaire également impliqué dans la recherche universitaire. Il codirige t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e depuis 2003 avec la chorégraphe Emmanuelle Vincent où ils explorent le mouvement dans des formes chorégraphiques hybrides (performances, films et installations). En parallèle, il développe un travail pratique et théorique autour de la notion de « sculpture documentaire » dans lequel il crée des reconstitutions grandeur nature d’icônes culturelles ou de mouvements historiques (d’un geste sportif à une bavure policière raciste). Doctorant en Art et sciences de l’art à l’Université Libre de Bruxelles et à l’Académie Royale des Beaux-arts de Bruxelles, il est par ailleurs cofondateur au Vietnam de Máy xay sinh tố, un laboratoire transculturel dont l’ambition est de constituer à long terme une base d’expériences et de réflexions non-ethnocentrées.